Personne ne peut savoir si le monde est fantastique ou réel, et non plus s'il existe une différence entre rêver et vivre.
Jorge
Luis Borges
La
Fantasy ( issu de l'anglais Fantasy,
à ne pas confondre avec la fantaisie musicale, ou, de l'allemand
Phantasie) est un genre de littérature
présentant un ou plusieurs éléments irrationnels qui relèvent
d'un aspect mythique et qui sont
souvent incarnés par l'irruption ou l'utilisation
de la magie.
La
Fantasy
fait
partie des littératures de l'imaginaire. Dans la Fantasy comme dans
le merveilleux
(Faerie)
le surnaturel est accepté, voire utilisé pour définir un monde
imaginaire. Cela distingue la Fantasy
du fantastique
où le surnaturel fait intrusion dans les règles du monde habituel,
et de l'horreur
où il suscite peur et angoisse.
Par
extension à partir du genre littéraire, on parle aussi de fantasy à
propos d'illustrations, de bandes dessinées, de films, de jeux, etc.
Le
Journal Officiel du 23 décembre 2007 a adopté le néologisme
fantaisie
comme équivalent du grec fantasia
en
la définissant comme suit : genre situé à la croisée du
merveilleux et du fantastique qui prend ses sources dans l'histoire,
les mythes, les contes et la science-fiction.
Dans
son acception actuelle, le terme Fantasy serait apparu pour la
première fois aux États-Unis
avec
la revue The
Magazine of Fantasy
en
1949.
Employé
d'abord dans le domaine littéraire, il s'est étendu par la suite
aux
arts picturaux,
au cinéma,
aux jeux
de rôle
(RPG) et jeux
vidéo
(MMORPG), et à la musique.
Pour
l'écrivain et éditeur André-François
Ruaud,
la fantasy
peut
être considérée comme un sous-genre du fantastique
:
La
fantasy est une littérature fantastique incorporant dans son récit
un élément d'irrationnel qui n’est pas traité seulement de
manière horrifique, présente généralement un aspect mythique et
est souvent incarné par l’irruption ou l’utilisation de la
magie.
À
l’inverse, Marie-Cécile Guernier part de la définition du
dictionnaire historique Robert : le mot fantasy
se rapporte au mot ancien français fantasie
regraphié fantaisie vers 1450.
Issu du
grec phantasia, “apparition”,
“image qui s’offre à l’esprit”,
“imagination”, puis du latin
phantasia ou fantasia,
“image, concept”.
Il faut aussi le rapprocher des mots dérivés des étymons:
fantasme, fantasmagorie,
fantastique
; puis de deux définitions de spécialistes du genre
dont celle d’André-François Ruaud :
Une littérature qui se trouve dotée d’une
dimension mythique et qui incorpore dans son récit un élément
d’irrationnel au traitement non purement horrifique, notamment
incarné par l’utilisation de la magie pour souligner
l’insuffisance des critères énoncés à définir la fantasy, qui
est bien plutôt une remise au goût du jour de la littérature
d’imagination, entre merveilleux et fantastique, dont on peut
repérer les étapes et les traces.
Selon
la chercheuse Anne Besson, qui s'appuie sur la tradition littéraire
française distinguant merveilleux
et fantastique,
la fantasy
est
une incarnation moderne et un prolongement du genre littéraire du
merveilleux
et
n'est en aucun cas un sous-genre du fantastique. En effet, ce dernier
se définit comme l’intrusion du surnaturel dans un cadre réaliste,
autrement dit l’apparition de faits inexpliqués et théoriquement
inexplicables dans un contexte connu du lecteur.
J.R.R.
Tolkien,
auteur
fondamental du genre, inscrivait son œuvre dans ce qu'il appelait la
Faërie,
sorte de conte de fée.
Le
point commun de nombreux romans de fantasy
est
qu'ils se déroulent dans des mondes parallèles, ou dans des
contextes qui peuvent éventuellement s'interpréter comme un
lointain passé oublié (s'inspirant du Moyen-âge ou de l'Antiquité
,
voire de la Préhistoire),
avec leurs créatures imaginaires, leurs mythes,
leurs épopées et leur magie.
Ce
n'est cependant pas le cas de tous, les
sous-genres
puisque la fantasy
urbaine
se caractérise par un ancrage fort dans un monde contemporain, et
que l'on parle de space
fantasy
pour certains univers mêlant un niveau technologique futuriste à
des thèmes propres à la fantasy.
On
a souvent fait remonter par erreur la naissance de la fantasy
aux œuvres
littéraires de l'Antiquité, tels l’Épopée de Gilgamesh,
l’Iliade et l'Odyssée, le Mahâbhârata ou encore les sagas
nordiques et islandaises.
On en
recherche également les débuts dans les œuvres du Moyen Âge comme
la Légende Arthurienne, la Chanson de Geste, l’Épopée
Anglo-Saxonne, ou encore, les Contes des mille et Une Nuits.
Une
autre grande source de merveilleux ancien se trouve dans les textes
sacrés, en particulier la Bible,
le
Coran
et
le
Tanakh.
Il
faut attendre le XXe
siècle pour
que ce style touche un large public. La littérature britannique
produit des romans comme La
fille du roi des Elfes
de Lord
Dunsany
en 1924.
Dans
le même temps, aux États-Unis, les revues Pulp apparaissent dans
les années 1890 et se multiplient au début du XXe
siècle
: elles publient d'innombrables nouvelles et romans en épisodes
appartenant à tous les genres deslittératures
de l'imaginaire.
À
partir de 1915, apparaissent des pulps
spécialisés
dans l'un ou l'autre genre
; l'un de ceux qui se consacrent le plus à la fantasy est
Weird
Tales,
qui paraît de 1923 à 1954 et publie en particulier les nouvelles du
cycle deConan le Barbare de Robert
E.
Howard,
l'un des pères fondateurs de l’Héroïc Fantasy.
C'est
dans les années 1950 que la fantasy
,
genre devenu populaire mais manquant encore de reconnaissance,
connaît un succès à la fois public et critique avec
Le Seigneur des Anneaux
de J.
R. R. Tolkien
(1954–1955),
qui
devient l'archétype du roman médiéval-fantastique.
Le succès du Seigneur
des Anneaux va
croissant dans les années 1950 au Royaume-Uni, puis se diffuse aux
États-Unis à partir de 1965 (à la faveur d'une édition pirate) et
1966 (édition autorisée révisée par Tolkien) où le roman connaît
un grand succès dans les milieux étudiants.
En
littérature, on ne compte plus le nombre de romans, de nouvelles, de
sagas publiés, de qualité inégale, mais assurément teintés
d'imaginaire exotique.
Essentiellement
anglo-saxon à l'origine, le genre se développe plus tardivement en
France
: il a fallu attendre 1972 pour que Le
Seigneur des anneaux
soit
traduit .
Les
traductions d'auteurs anglo-saxons dominent longtemps le marché de
la fantasy
en
France et en Europe, mais le genre essaime peu à peu dans les
différents pays, donnant naissance à de nouvelles générations
d'auteurs qui illustrent le genre et le renouvellent parfois de façon
originale.
En
France, Les
Chroniques des Crépusculaires
de Mathieu Gaborit en 1995 et Le
Secret de Ji
de Pierre Grimbert en 1997 comptent parmi les premiers succès
d'auteurs français, suivis par des auteurs toujours plus nombreux, y
compris dans
la littérature de jeunesse.
Parmi
les classiques européens, citons en Allemagne L'Histoire
sans fin
de Michael Ende (1979), en Italie Nicolas
Eymerich, l'inquisiteur de Valério Evangelisti
(1994).
En
Angleterre, le Disque
monde
deTerry Pratchett, dont la série commence en 1983 avec La Huitième
couleur, devient un chef-d'œuvre de fantasy
humoristique
empreinte d'humour anglais.
En
Espagne, dans un genre un peu différent, les aventures du Capitaine
Alatriste
d'Arturo Pérez-Reverte à partir de 1996 réinventent le roman de
Cape et d'Épée.
Au
Japon, citons la série-fleuve Guin
Saga
de Kaoru Kurimoto, commencée en 1979 et qui a dépassé les 100
volumes, ou encore Les
Chroniques de la guerre de Lodoss
de Ryo Mizuno à partir de 1988.
Les
innovations formelles et stylistiques se multiplient pour renouveler
le genre, mais la forme dominante reste celle du
roman
autonome ou inclus dans une suite romanesque.